Installation réalisée dans la rue Nguyễn Văn Bình, Bến Nghé, Quận 1, Hồ Chí Minh City, Vietnam
Photographies imprimées sur bâches et carton plastique, bois, néons, câbles, arduinos
Avec le soutien de An Ordinary City et de l’institut francais du Vietnam

Les images du marketing urbain, omniprésentes dans l’espace public du centre-ville, exposent aux citadins une vision de la nouvelle ville ultra moderne qui fleurit et se juxtapose dans le panorama de Saïgon. Des représentations de skyline/icône au caractère ambigüe, semblant préparer le terrain à un futur potentiel et proche. Une approche prospective entre réalité effective des intentions urbanistique et fantasme d’une modernité rêvée.
Elles sont, pour bon nombre d’entre elles, affichées sur des palissades métalliques de chantier, comme pour habiller le rideau qui finira par se lever.
Ces photographies que l’on pourrait qualifier d’esthétique tertiaire, font la promotion de la transition entre deux organisations, deux versions du monde par le prisme d’une composition générique. Une intégration d’immeubles flambant neufs dans des quartiers imaginaires où semble régner un calme absolu bien loin des tumultes que l’on rencontre dans les rues de la ville.
En me lançant à la recherche de ces images dans les rues, je me suis intéressé à leurs matérialités : faites d’impression jet d’encre sur carton épais ou encore sur des bâches tendues, certaines d’entre elles font l’objet d’appropriations par les citadins. Cette conquête de l’espace de l’image se fait plus ou moins consciemment, mais correspond à ce que j’appellerais une domestication du matériau. Un besoin humain, qu’il soit utilitaire ou esthétique qui s’exprime par la modification du programme initiale de l’image.
La série intitulée ‘Domestication’ est une proposition d’installations qui met en miroir ces gestes familiers et ces remaniements que d’usage on côtoie dans l’intimité d’un espace personnel. Que ce soit la mise en plis d’un rideau, la suspension d’étagères par les vendeurs de rue ou encore la fabrication d’un abri de fortune pour se protéger des caprices de la mousson, l’image/immeuble trouve une fonction inattendue et offre malgré elle une négociation entre ce qu’elle représente, les spécificités de la socialité vietnamienne et les nécessités humaines en général.
Les installations que je propose sont des images prélevées dans l’espace urbain et misent en espace, entre le sol et le mur. Je réaliserais avec cette matière première des volumes inspirées des observations faites dans la rue, mettant en scène la conversation entre deux mondes, le dialogue entre le bidon-ville et la ville-bidon pour reprendre la formule de George Perec dans son livre ‘Espèces d’espaces’.
