Vidéo et son, 4’45
Avec le soutien du centre d’art Olivier Debré et l’association Valimage

A partir de matériels audio et vidéo assemblés, je retourne à distance, pendant la période de confinement du COVID, dans la région balgentienne que j’ai découverte en 2017 durant plusieurs mois lors d’une résidence d’artiste. Les frontières entre la carte et le territoire tendent à fusionner dans des paysages d’herbes folles où les entités du vaste réseau électrique semble se soustraire au monde sensible.
Alors que les pylônes étaient dans l’arrière-plan des affiches de campagne présidentielle de Mitterrand en 1981, cette forme de la modernité semble difficile à assumer aujourd’hui. La tendance est à l’enfouissement du câblage du réseau électrique. Parallèlement, Google et Apple pixellisent et floutent les centrales nucléaires dans leurs applications à la demande de l’état. Les pylônes chat autour de Beaugency se dressent encore pour un moment dans le paysage, mais leur présence s’efface dans les esprits. Ils s’effacent lentement comme le chat Cheshire de Lewis Caroll, qui après avoir disparu, laisse son sourire narquois rayonné pour s’estomper progressivement.
Ainsi, dans la nature sauvage non domestiquée, la centrale nucléaire floutée crache sa fumée et les pylônes chat faisant rebondir le câblage apparaissent comme par enchantement. La nuit fait scintiller les signes de l’organisation matérielle de la distribution de l’énergie électrique, sautant d’un point à un autre de la carte, couvrant le territoire.
Dans ces panoramas où le réel et le symbolique se brouillent, les pylônes finissent par disparaître doucement..